Esquive – entre envol et chute

Dans ESQUIVE, six acrobates explorent et rendent hommage à une discipline fascinante : le trampoline. En questionnant la gravité, le poids, la suspension et les changements d’état de corps, la partition acrobatique devient un langage qui traduit les fondements intimes du cirque : l’art de l’envol et de la prise de risque, un éloge à la fragilité et à l’utopie.

ESQUIVE offre une expérience unique, une invitation à contempler le désir inné de l’humanité de s’élever au-dessus, de ressentir l’effort constant pour éviter la chute. Entrevue exclusive avec le metteur en scène Gaëtan Levêque et l’un des talentueux acrobates du spectacle, Hugo Couturier.

À Gaëtan Levêque – Après 25 ans dédiés au trampoline, qu’est-ce qui continue à vous passionner le plus dans cette discipline ?

Le trampoline est devenu pour moi un véritable partenaire de jeu. C’est avec cette pensée en tête que ma passion pour cette discipline continue de grandir. Dès l’instant où l’on accepte de s’affranchir des limites de la toile, les possibilités deviennent infinies. Que ce soit d’un point de vue artistique ou technique, le trampoline ne cesse de m’inspirer et de susciter en moi le désir de créer. Le rebond sur la toile m’offre une partition sur laquelle je peux inscrire des rythmes, des émotions, une dramaturgie.

Comment est née l’idée originale du spectacle « Esquive » ?

Le spectacle « Esquive » est survenu à un moment crucial de ma carrière, alors que je ressentais le besoin de laisser mon corps récupérer tout en assumant mon nouveau rôle de responsable du pôle artistique du Plus Petit Cirque du Monde. Cette période marquait une transition professionnelle significative et j’éprouvais le besoin de rendre hommage à mon partenaire de toujours : le trampoline. « Esquive” est cet hommage, conçu comme un ballet acrobatique qui retrace les diverses explorations vécues au cours de ces vingt-cinq années.

Les six acrobates étaient-ils déjà à l’aise sur le trampoline avant de commencer à travailler sur ce spectacle ? 

Les six acrobates avaient déjà une expérience du trampoline à des niveaux variés. Ce projet n’aurait jamais pu voir le jour si les artistes ne maîtrisaient pas au moins les fondamentaux de cette discipline. Il est essentiel de reconnaître que le trampoline constitue la base de nombreuses techniques circassiennes : que ce soit pour les portées acrobatiques, le trapèze, ou encore l’utilisation de divers engins de propulsion. Dans les écoles de cirque, l’apprentissage du trampoline est intégré au programme d’enseignement commun des disciplines du cirque.

À Hugo Couturier – Ayant participé à des championnats mondiaux de trampoline depuis l’âge de 14 ans, quelles différences observez-vous entre la pratique sportive et sa pratique dans le cadre du cirque ?

Selon moi, ce n’est pas du tout la même pratique. Dans le cirque, c’est un travail d’équipe avec une continuité. Au plateau on fait partie d’un tableau, et la majeure partie de la salle va nous voir comme tels, sans nous juger, sans attribuer de point. On est accueilli par les lieux, habillé par la lumière et les costumes, encadré par la scénographie, rythmé par la musique et bichonné par la compagnie.

Je ressens beaucoup plus de liberté et de plaisir en faisant du cirque. La pression est systématiquement bonne, et c’est un soulagement. Il faut même se débarrasser de l’esprit surcompétitif et égocentrique de la pratique sportive. Pas facile, mais c’est un beau cadeau. Dans le cirque on a le droit de se déplacer, on a le droit de faire une pause après une chute, de demander si tout va bien, on a le temps de respirer et on a le droit (parfois même la nécessité) d’être tout mou. On a le droit d’inventer des figures, de rebondir à plusieurs, de sauter en chaussures d’un trampoline à un autre et de courir sur un mur qui bouge !

Les possibilités apparaissent comme illimitées. J’ai acquis tellement de nouveaux repères spatiaux et corporels grâce au cirque. Et quand on aime faire des acrobaties, c’est très précieux, surtout pour la sécurité.

La compétition ne s’est pas bien passée pour moi. J’avais tout arrêté, mais le cirque m’a réconcilié avec le trampoline et a ouvert une jolie porte vers l’expression de soi.

Ne manquez pas le spectacle ESQUIVE, à voir à la TOHU du 24 au 28 avril 2024.

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