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NYX déesse de la nuit

Au cœur d’une fable circassienne envoutante, Nyx, déesse de la nuit, prend vie. Entre rêve et réalité, ombre et lumière, sept circassiennes, anciennes diplômées de l’École Nationale de Cirque, vous entraînent dans un monde où la nature, le spirituel et le féminin sacré s’entrelacent. Cette performance artistique, où fusionnent cirque et danse, a été dévoilée en première mondiale au Diamant et qualifiée de « réussite sur toute la ligne » par le Journal de Québec. C’est avec fébrilité que ce spectacle sera présenté pour la première fois à Montréal à la TOHU du 25 au 29 octobre 2023. 

Nous avons rencontré les créateurs de ce voyage poétique Johanne Madore et Pierre Przysiezniak du Collectif Chimère pour en apprendre davantage sur la genèse de ce spectacle.

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Johanne Madore et Pierre Przysiezniak, photo par Rodolfe St-Arneault

[À Johanne Madore] Dans la mythologie grecque, NYX est la déesse de la nuit. Qu’est-ce qui vous a inspiré ce symbole? 

En 2013, ma grand-mère maternelle décédait à 106 ans. Véritable personnage de légende, elle m’a inspirée par son amour, sa vivacité et la qualité de sa présence, par sa mémoire infaillible, sa spiritualité, ses dons de guérisseuse et surtout, de conteuse. Avec mon grand-père, elle opérait un magasin de vêtements pour dames où se trouvait aussi une voûte, froide et noire, dans laquelle s’entassaient fourrures et peaux. Mes sens d’enfant y percevaient odeurs, textures, cliquetis mécaniques et métronomiques qui, avec le ballet constant des mains des couturières, ont tissé ma mémoire de femme et mon imaginaire d’artiste.  

Devenue la matrice nocturne de ce projet, cette voûte a éveillé des images mémorielles, souterraines et archétypales où se rencontrent les esprits d’humains et de bêtes émergeant des contes de mon enfance, ces contes riches de cette sagesse tissée d’expériences millénaires. « Le passage à la nuit » – pour ainsi dire – de ma grand-mère est devenu la source de mon questionnement sur le temps, le corps et l’« âme » qui l’anime. Ma grand-mère s’est retrouvée ainsi comme personnifiée en NYX, déesse de la nuit, maniant en quelque sorte et entre autres ces enjeux. Il y a cette histoire qui dit que lorsque quelqu’un décède, son âme retourne d’où elle vient et brille à nouveau dans la nuit. Une des premières images qui surgit à mon esprit fut ce corps lumineux en apesanteur au centre d’un tissage, saisi dans la nuit telles une étoile ou une broderie, ou encore une synapse.  

Comment ce symbole se manifeste-t-il dans le spectacle ? 

Dès le début du spectacle, NYX incarnée fait basculer la jeune fille dans un lieu de fabulations, de tissage d’histoires, un voyage initiatique et un labyrinthe entre rêve et réel où la frontière les séparant n’est pas toujours tangible : tel lorsqu’on sommeille. NYX c’est aussi la grand-mère, bienveillante et porteuse de conseils, la voix qui insuffle des images lorsque nous sommes dans les bras de Morphée, fils de NYX. Elle nous guide et nous avertit comme les fées ou les sorcières dans les contes. Comme ma grand-mère qui m’a tenu la main au cours de ma vie, au propre comme au figuré, par son exemple.  

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Mathilde K.Richer, photo par Stéphane Bourgeois

Vous avez été danseuse et chorégraphe pour Carbone 14, et vous avez travaillé entre autres avec Ex-Machina, O Vertigo, Cirque Éloize, Cirque Orchestra, Circopolis et Fiori-Seul-Ensemble. Comment s’effectue la transition de la danse vers le cirque ?  

Une des premières chorégraphies que j’ai créée candidement vers l’âge de 12 ans était constituée de mouvements tant dansés qu’acrobatiques avec un long morceau de tissu. J’ai été un long moment autodidacte. Je dansais, faisais beaucoup de sport, j’étais très athlétique. Comme performeuse, je dégageais une énergie brute, j’avais le goût du risque, d’une intensité physique. J’avais un appétit à la fois féroce du mouvement, mais aussi du poétique en quête de sens. Ça se reflétait dans ma manière d’appréhender le mouvement et de prendre la scène.

Je suis alors passée de la danse à Carbone 14, une compagnie, et troupe, de théâtre du corps et de l’image. J’étais attirée par les métissages artistiques : le théâtre du corps de Carbone 14, très viscéral, placé dans des écrins visuels riches, me comblait. C’était une démarche gestuelle très cascadeuse, tonique, dans laquelle le risque était constamment présent. Cette approche du mouvement dans l’espace, en situation de risque, en interaction avec les objets et la matière avait tout des prémisses du cirque. En fait cela a été une évolution, une mutation logique, assez évidente : dans le cirque il est question de poétiser le risque, d’unir le corps d’une manière organique au monde matériel qu’il habite, de le souder à cette matière, à ses rythmes. 

Dans toutes mes créations, le corps est visualisé dans des espaces avec des qualités précises, distinctes, que je cherche à cerner au fur et à mesure que le projet avance… En même temps, je travaille à partir des artistes et de leurs potentiels : je joins mon univers à leurs capacités, leurs savoirs. Je cherche à les guider vers le meilleur d’eux même.  

 

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Leela Masuret, photo par Stéphane Bourgeois

[À Pierre Przysiezniak] Vous avez créé des agrès spécialement pour le spectacle. Quelle était la vision artistique initiale ?

Johanne, initialement, concevait des intrications de filaments dans l’espace. Mais afin que tout cela bouge et respire de manière organique comme elle me le demandait, soit ‘modulable’, il me fallait des points de jonction, des neurones, des points relais dans le labyrinthe qui permettraient de l’activer et manier.

Progressivement ces points/neurones et leur design, leur conception, ont pris une force et prégnance qui a pris le dessus dans le projet : en cherchant à en aboutir un, comme un zoom-in. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés avec un agrès-sculpture des plus intrigants, avec beaucoup de potentiel. Puis nous avons exploré à partir de là et ces prototypes se sont complexifiés techniquement, sont devenus des neurones acrobatiques dans l’aire de jeu. Et pour moi, personnellement, l’organique et le végétal, les vignes, racines et branches – et leurs intrications naturelles – étaient constamment présentes à mon esprit comme repères en affinité avec les propositions de Johanne.  

Naturellement il devenait, sinon était d’office évident que cet objectif d’une intrication de filaments à travers l’espace pouvait inhiber les possibles pour les autres agrès plus classiques et les numéros aériens considérés et espérés pour cette création. Après tout, un des éléments thématiques que Johanne avait à cœur était la Nuit comme entité personnifiée, mythologique, et donc avec cette référence à une voûte céleste habitée, incarnée, animée, avec ce riche rapport humain au scintillement de ce qui se trouve tout là-haut.  

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Laurie Bérubé et Catherine Beaudet, photo par Stéphane Bourgeois

Pouvez-vous nous donner un aperçu du processus de création et de fabrication de ces agrès ?  

Il y eut beaucoup de contributions et de conseils dans le développement de ces sculptures-agrès : en premier lieu, et de façon constante, de la part de notre très expérimenté chef gréeur et consultant (encore en appui ponctuel au projet) Sébastien Robillard. Il m’a à son tour recommandé les services d’un artisan soudeur-confectionneur d’appareils circassiens plus traditionnels pour ses conseils de fabrication et la réalisation de certaines des étapes de confection de ces inventions.  

Mis à part la conception fondamentale des sculptures, maquettes incluses, je me suis chargé de tout le formage et de l’essentiel de l’usinage. Ce fut un long processus, un long enchaînement d’esquisses et de maquettes, de réunions et rencontres, de courir les fournisseurs, de chercher les solutions matérielles et faire l’apprentissage des techniques nécessaires offrant les meilleures solutions. La priorité a été, et reste, la sécurité des artistes et de l’équipe. J’ai cherché à intégrer toutes les recommandations faites, en incluant celles des premiers interprètes qui ont exploré les possibilités de ces agrès atypiques. Jamais ces informations et nécessités n’ont été des contraintes : c’étaient mes balises, « voilà le territoire dans lequel, et avec les matériaux duquel, je jouerai et créerai ».  

C’était un corps à corps avec les matériaux, avec l’acier avec l’aluminium et par après avec les vignes – glanées, taillées et formées elles aussi – pour les hautes sculptures verticales et pour les appendices des deux agrès à formes plus organiques, racinaires. C’était du costaud, un mariage à la matière. C’est en contact direct que j’ai plié, courbé et assemblé ces branches d’acier. Je crois que sans ce passage, ces agrès-sculptures manqueraient de vitalité et ne se draperaient pas aussi bien de différents corps qui se faufilent dedans. C’est en mettant constamment à l’épreuve l’échelle de mon propre corps, sa capacité à s’enrouler, se faufiler, se tramer un parcours au travers le dédale des tiges je crois avoir mieux réalisé le projet.

NYX sera présenté du 25 au 29 octobre 2023 à la TOHU. Billets

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