Rencontre avec la photographe Caroline Hayeur
Résidence in situ Saint-Michel est la nouvelle exposition extérieure de la TOHU et c’est la photographe Caroline Hayeur qui a reçu carte blanche afin d’explorer le quartier Saint-Michel. L’artiste est allée à la rencontre de citoyens en leur montrant des photos d’archives datant des années 60 afin de créer une nouvelle image dont le résultat final est une mise en abyme de similitudes et de contrastes. Commerces de proximité, HLM, autoroute Métropolitaine, parc Frédéric-Back : ses juxtapositions d’images soulignent les traits de caractère propres à ce quartier unique de l’île de Montréal. Avec un regard vif et rempli d’affection, elle a capté des moments de vie quotidienne dans lesquels chacun peut se reconnaitre.
Nous sommes allés à sa rencontre afin d’en savoir un peu plus sur elle !
- Es-tu originaire du quartier Saint-Michel ?
Je suis originaire de Ville Saint-Laurent, puis j’ai passé mon enfance et mon adolescence en banlieue dans les années 80. Par la suite, j’ai vécu dans le Mile-End pendant 30 ans et je suis maintenant établie à Ahuntsic, d’où je peux rapidement me rendre à vélo jusqu’à l’entrée nord-ouest du parc Frédéric–Back.
- Quelles sont les émotions que tu as ressenties lorsque tu as pris ces photos ?
Ayant déjà en tête les images d’archives que je voulais reproduire, j’ai déambulé à vélo dans le quartier Saint-Michel rencontrant d’abord le mécanicien qui m’a tout de suite dit oui. C’est toujours une grande joie lorsqu’on approche quelqu’un et que la personne accepte la caméra. Aller à la rencontre des gens, se présenter, puis expliquer son projet et échanger par le biais de la photographie, c’est comme un cadeau.
- Quelles histoires racontent-elles ?
Les images racontent le quotidien tranquille des habitants de Saint-Michel en dehors des stéréotypes. Avec la juxtaposition des images d’archives, elles démontrent comment le quartier a évolué… ou pas.
- Quelle est ta photo préférée de l’exposition et pourquoi ?
Je crois que l’homme qui prépare son potager pour le printemps prochain dans le jardin communautaire du parc Frédéric–Back me touche particulièrement, car elle est en relation avec l’image de la pauvreté des années 60. Le reverdissement et l’accès à une forme d’autonomie alimentaire sont des enjeux qui me tiennent particulièrement à cœur. La contre-plongée accentue la dignité de cet homme au travail dans son tout petit lopin de terre.
Clovis entretient un potager avec sa sœur depuis 1995. Jardin communautaire Champdoré, Saint-Michel, 2020.
Une cour arrière dans la Cité de Saint-Michel, 1960-1968. Archives de la Ville de Montréal
- Es-tu de nature nostalgique ?
Je suis tout sauf nostalgique. On ne peut pas évoluer si l’on ressasse toujours le passé. Mais ce projet illustre aussi que l’on doit tenir compte du passé pour mieux apprendre de nos erreurs et conserver les bonnes idées pour continuer à progresser vers une société juste et équitable.
L’exposition extérieure est accessible en tout temps jusqu’au 31 août !