Sono io ?, la poésie humaine d’une relation père-fils en mouvement
Sono io ? est venu d’un manque, puis de retrouvailles entre un père et son fils. Cette création du Cirque Ronaldo met en scène la relation qu’entretiennent les Belges Danny et Pepijn Ronaldo. C’est une création familiale qui traite de l’amour, mais aussi des émotions, comme la mélancolie ou encore le cirque, la tradition et la contemporanéité. Si Sono io ? s’inspire réellement de leur relation, le spectacle demeure profondément universel.
« C’est un spectacle qui vient d’un manque », révèle Pepijn, le fils. L’artiste de cirque et clown a fait ses études à l’école LASSAAD, une école de théâtre à Bruxelles, après avoir passé son enfance au Cirque Ronaldo, la compagnie familiale qui existe depuis plus de deux décennies et qui promeut l’art du cirque flamand.
« Il me manquait beaucoup. On ne s’est pas vu parce que mon père était en tournée tout le temps et moi j’ai eu ma vie scolaire. »
Après que la tournée de Danny, le père de Pepijn, ait pris fin, et que les études de ce dernier se soient terminées, il était tout naturel pour eux de rattraper le temps et de se reconnecter pour apprécier cette relation « dans laquelle je pense qu’on a une connexion très forte, moi et mon père, dans la manière d’être », précise le jeune artiste.
Une relation en constante évolution
Sono io ? (Est-ce moi ?), s’est imposé comme une évidence pour le duo père-fils qui cherche dans le spectacle à redonner de l’amour à leur relation qui s’était mise sur pause en quelque sorte, dans une tentative de réconciliation.
Pour Pepijn, la relation père-fils, de manière générale, n’est pas quelque chose de stable, elle est plutôt en perpétuelle évolution. « C’est tout un travail de garder un amour. »
Même si le spectacle se veut biographique, il n’en demeure pas moins universel et à la portée de tous. Danny Ronaldo, dont la vie a commencé au cirque, appuie sur le fait que le thème des relations parents-enfants, qui évoluent, est un sujet universel intéressant.
« On n’apprend pas à l’école comment ça marche exactement, le moment où tu dois, en tant que jeune personne, prendre ta place. Et [pour] les plus vieux, de donner l’espace à la prochaine génération », avance-t-il, soutenant que ce n’est ni évident pour l’un ni pour l’autre.
Sono io ?, c’est un père et un fils, un amour partagé et une relation en constante mutation. C’est aussi une pensée : accepter que tout finisse par se terminer dans la vie et qu’il faille savoir laisser sa place.
De la mélancolie au rire
Pour Danny, ce n’est pas de la tristesse, mais plutôt de la mélancolie, une émotion qui se transmet de génération en génération.
« C’est la réalité de la vie. C’est ce genre de poésie humaine qui fait une mélancolie et, en même temps, il y a de très grands rires […] Même avec des moments plus tristes, plus mélancoliques, on aime bien laisser rigoler les gens avec ça. »
Sono io ? est un mélange de cirque, d’émotions et de musique. Le duo explique qu’il ne s’agit pas vraiment d’un spectacle verbal, mais où les silences sont très importants. La musique, présente notamment par le biais du duo, qui en joue en direct, véhicule elle aussi de l’émotion, comme une langue à part entière.
Entre la tradition et la modernité
D’ailleurs, pour le père, qui est la sixième génération d’artistes circassiens, les instruments, tels que les bombardons, les trompettes et les trombones, donnent « une atmosphère de vieux clowns », à l’image du spectacle, qui mêle la tradition, l’héritage et la modernité.
«Le cirque, on aime aussi lui donner un sens de miroir pour les autres personnes pour que ça les touche. On est toujours en recherche de nouvelles manières de toucher les gens et de faire bouger quelque chose chez eux », confie Pepijn Ronaldo. Il souligne néanmoins l’importance pour lui de maintenir la présence de cette tradition dans chaque spectacle.
D’ailleurs, on retrouve de génération en génération, dans leur famille, une influence de la Commedia dell’arte. « C’est une base de théâtre, c’est un moyen de jouer le théâtre, de mélanger l’acrobatie, le clown et même le cirque», explique Danny.
« Le public, par exemple, est très présent dans la Commedia dell’arte, et, pour nous aussi, le public est toujours là. Aucun spectacle n’est exactement le même, parce que le public est chaque soir différent [du précédent] », conclut-il.
Sono io ? sera présenté à la TOHU du 19 au 23 novembre 2025. Détails et billets ici.