Entrevue avec Yaron Lifschitz – Il Ritorno
Entrevue avec Yaron Lifschitz, créateur de Il Ritorno, directeur artistique et président de la compagnie C!RCA.
TOHU: Il Ritorno est un OVNI, quelque chose de nouveau dans le monde du cirque. Qu’est-ce qui vous a inspiré à créer cet unique spectacle?
Yaron Lifschitz: Le cirque, c’est un peu comme la culture de la mémoire à court terme – on voit un numéro et hop c’est fini. Vous devez beaucoup travailler avec votre corps, mais il n’y a pas vraiment de discussions culturelles. Mais lorsqu’on mélange le cirque contemporain, un opéra de Monteverdi et une histoire basée sur l’œuvre d’Homère, on commence à faire partie de la conversation. Il y a aussi une dimension politique au spectacle. On parle du déplacement des personnes et de ces dernières qui ne peuvent être avec celles qu’ils aiment.
TOHU: Vous dites qu’Il Ritorno utilise des acrobaties décomposées et épurées. Quel message souhaitez-vous communiquer de cette façon?
Yaron Lifschitz: L’acrobatie en elle-même transmet beaucoup, mais ce n’est pas toujours exprimé facilement, de façon évidente. J’aime penser que notre spectacle est un essai qui inspire des émotions pour lesquelles nous n’avons pas encore de nom. C’est beaucoup plus expérimental que storytelling. Ce spectacle parle d’une tragédie qui nous unit tous et l’acrobatie est le moyen de transmettre ce message avec force.
TOHU : Parlez-nous un peu de votre compagnie et des gens qui l’anime. Qu’est-ce qui fait votre différence, votre originalité?
Yaron Lifschitz : Les artistes ne viennent pas dans un cirque parce qu’ils veulent qu’on leur dise quoi faire. Je demande à chacun de mes artistes d’incarner, d’assimiler et de prendre soin de toutes ces choses auxquelles ils sont confrontés, je leur donne alors les outils de jouer exactement ça. Notre travail est très simple. On improvise beaucoup sur scène. Honnêtement, en tant que compagnie la chose la plus importante qu’on essaie de faire, c’est de toujours travailler avec des gens motivés. Lorsque vous avez des gens talentueux qui sont là, inspirés, prêt à travailler le plus fort possible, à ce moment-là, vous pouvez obtenir quelque chose de bien
TOHU : Ce n’est pas la première fois que C!RCA joue à Montréal. Qu’est-ce que vous cherchez?
Yaron Lifschitz : Montréal est un lieu vraiment effrayant pour nous où jouer. C’est la capitale du nouveau cirque. Notre travail entraîne le public dans une conversation riche et certains aiment beaucoup ça alors que d’autres non. C’est donc un vrai défi pour nous à chaque fois. Nous devons nous adapter et nous renouveler à chaque fois que nous venons ici. Une chose qui est génial à la TOHU c’est qu’ils n’ont pas peur de prendre des risque dans la programmation, car notre spectacle n’en est pas un facile à programmer. Le sujet est sérieux, il y a une grande part d’opéra… C’est exigeant. J’ai vraiment hâte de présenter Il Ritorno à Montréal.
