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Bosch Dreams – une création empreinte d’inspiration et d’émotion

Bosch Dreams – une création empreinte d’inspiration et d’émotion

Bosch Dreams, le spectacle phare de la dixième édition de MONTRÉAL COMPLÈTEMENT CiRQUE, est mis en scène par Samuel Tétreault, des 7 doigts de la main. Cette troupe, habituée du festival, nous offre cette année une œuvre qui a fait sensation partout dans le monde depuis 2016; Montréal étant sa dernière escale. Ce spectacle se veut un mariage entre deux mondes qui n’ont généralement pas l’habitude de se croiser, soit les arts visuels et les arts circassiens. Il s’agit tout particulièrement d’une œuvre rendant hommage aux travaux de Jérôme Bosch, peintre marquant du mouvement de la Renaissance artistique. Pourtant décédé en 1516, le style du peintre néerlandais a influencé de nombreux artistes à travers les siècles, à commencer par Salvador Dali, l’icône moderne du mouvement surréaliste, qui considère Bosch comme son « prédécesseur ». Nous nous sommes entretenus avec Samuel Tétreault à propos de sa démarche créatrice, qui fut jalonnée tant par des moments d’intense création, que par des moments particulièrement difficiles.

Pourquoi avoir choisi de faire un spectacle sur le peintre Jérôme Bosch ? Que vous inspire-t-il ?

J’ai développé un intérêt et une sensibilité pour les arts visuels dès mon plus jeune âge. Mon père, Michel Tétreault, a dirigé l’une des galeries d’art contemporain les plus réputées de Montréal dans les années 80 et 90. Notre maison était une extension de la galerie avec des œuvres sur chaque mur et même jusque sur le terrain devant la rue où quelques sculptures abstraites faisaient tourner la tête des voisins. J’assistais souvent aux vernissages et adolescent, j’ai eu l’occasion de rencontrer de nombreux artistes qui exposaient chez mon père, parmi lesquels quelques-uns des grands noms de l’art contemporain québécois; tels que Françoise Sullivan, Jacques Hurtubise et Jean-Paul Riopelle. Ces rencontres, de même que plusieurs visites à des ateliers d’artiste ont aussi éveillé ma curiosité envers le métier d’artiste. Bien que mon destin m’ait plutôt conduit vers les arts du cirque, j’ai toujours gardé cette curiosité et cet intérêt pour les arts visuels. Je suis entré en contact avec l’œuvre de Bosch pour la première fois il y a une vingtaine d’années au musée du Prado à Madrid, alors que je profitais de mes voyages en tant qu’artiste de cirque pour visiter de nombreux musées et jardins de sculpture à travers le monde.

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Les 7 doigts de la main

J’y ai découvert notamment son fameux triptyque du Jardin des Délices, dont une amie m’avait dit que cette œuvre monumentale était l’un des incontournables du musée. Je me souviens d’une certaine anticipation puis d’un fort sentiment d’admiration et de respect en arrivant face à ce triptyque. Je m’y suis plongé longuement, fasciné par les innombrables détails et la créativité mystérieuse de ce peintre du Moyen-âge. Quelques semaines plus tard, au cours du même voyage, je suis allé visiter le musée de Salvador Dali près de Barcelone… De même que pour Bosch, c’est d’abord la créativité sans limites et l’authenticité absolue de Dali qui m’ont profondément marqué. Ces deux « rencontres », l’une avec le précurseur du surréalisme et l’autre avec son plus illustre représentant, allaient être déterminantes pour la création de Bosch Dreams près d’une vingtaine d’années plus tard.

Cependant, il m’est impossible d’expliquer la genèse de ce spectacle sans mentionner une troisième rencontre décisive : celle avec Ange Potier, l’artiste/illustrateur qui a réalisé les décors et les films d’animation du spectacle. En 2012, alors que nous travaillions ensemble à la création d’un autre spectacle, Ange m’a montré un court-métrage d’animation qu’il venait de réaliser à partir du Jardin des Délices de Bosch. Le film était magnifique et son univers onirique m’a alors laissé une impression très forte.

Deux ans plus tard, quand j’ai reçu une invitation de la Fondation Jheronimus Bosch 500 pour créer un spectacle de cirque en hommage au 500èmeanniversaire de la mort de Bosch en 2016, j’ai immédiatement eu l’idée de créer un spectacle en collaboration avec Ange, et d’utiliser des animations des tableaux de Bosch en guise de scénographie.

Au-delà du mariage presque naturel entre les arts du cirque et l’univers surréaliste de Bosch, c’est l’idée de rendre hommage à l’un des artistes les plus fascinants de l’histoire de l’art qui est à la base de Bosch Dreams.

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Bosch a remis en question le système de croyances de son époque, mettant de l’avant une façon de penser plus individualiste et plaçant l’humain au centre de ses choix. Ses peintures ont soulevé des questions existentielles qui sont encore pertinentes aujourd’hui. Son œuvre, qui semble toujours en équilibre sur une ligne très mince entre le Bien et le Mal, a su exprimer les nuances de l’être humain : civilisé, mais sensuel. Empathique, mais animal.

Au fil du temps, Jérôme Bosch a inspiré d’innombrables artistes depuis Salvador Dali, en passant par Jim Morrison, jusqu’à certains artistes encore aujourd’hui et à travers lesquels il continue de vivre 500 ans après sa mort.

Créer un hommage à un tel artiste, c’est l’occasion de célébrer le rôle même de l’artiste et de l’œuvre qu’il laisse derrière lui. Et Bosch nous ramène justement à l’essentiel; notre rapport à la mort, à la conscience que la vie est périssable et que, comme les fruits du jardin, elle est à saisir aujourd’hui et maintenant.

Quel est le challenge / intérêt de mixer plusieurs arts tels que le cirque et la peinture?

Depuis les tout débuts des 7 Doigts, nous avons toujours aimé intégrer différentes formes artistiques à nos spectacles comme autant de manières de toucher le public. Chacune de ces formes étant présentes dans un spectacle, selon qu’elle peut être complémentaire et au service de l’histoire ou de l’émotion que l’on cherche à exprimer. Bosch Dreams est un mélange de cirque, de cinéma d’animation et de théâtre utilisés en complémentarité avec l’œuvre picturale de Bosch. Il en résulte un spectacle unique qui ne peut être confiné à une seule catégorie ou un seul genre et qui, plutôt, a le potentiel de toucher autant les publics de théâtre, de cirque ou d’art visuel. L’un des défis de Bosch Dreams était l’intégration de films d’animation dans un spectacle vivant afin de créer une expérience fluide pour le spectateur qui se retrouve tantôt comme au cinéma à regarder un film et tantôt comme au théâtre sans qu’il ne réalise vraiment comment on le fait passer d’une convention à l’autre.

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Les 7 doigts de la main

Quelle a été la plus grande difficulté que tu aies rencontrée lors du processus de création ?

Comme trop souvent en création, il n’y a jamais assez de temps, mais dans le cas de Bosch Dreams nous avons dû faire des miracles avec le temps disponible. Lors de la création initiale en 2016, nous n’avons eu au total qu’une semaine de workshop et trois semaines de répétitions pour créer le spectacle de A à Z… De son côté, Ange n’avait eu que six mois pour préparer en amont toutes les séquences d’animation vidéo à lui seul! Et comme il y a en plus quatre court-métrages dans lesquels les artistes devaient être filmés en « green screen » pour ensuite être intégrés dans le montage vidéo, ces tournages ne pouvaient pas être faits en avance. Ils ont donc dû être réalisés pendant les répétitions du spectacle, puis finalisés quelques jours seulement avant la première. De plus, le temps de création très serré ne permettait pas beaucoup d’exploration en cours de route car tout devait être « storyboardé » de façon très précise afin de respecter le travail qu’Ange avait préparé en amont.

Mais en réalité, la plus grande difficulté pour moi lors du processus de création a été d’accompagner mon ami Martin Tulinius, avec qui je devais co-diriger la création du spectacle, au cours des dernières semaines de sa lutte en phase terminale d’un cancer du cerveau foudroyant. Martin était le directeur artistique du Théâtre Republique qui a coproduit le spectacle et où nous avons fait la création à Copenhague. Nous avions déjà fait la semaine de workshop ensemble au mois de mai quand il a appris qu’il avait un cancer. À mon retour à Copenhague début août, Martin était déjà entré aux soins palliatifs à l’hôpital. J’ai donc dirigé seul la création et j’allais presque chaque soir après les répétitions au chevet de mon ami lui donner nouvelles de l’évolution de notre projet. C’était toute l’ironie de la vie que de travailler à la mise en scène d’un spectacle qui célèbre la mort d’un artiste alors que l’ami artiste avec qui j’avais rêvé créer ce spectacle était lui-même mourant… tragique et magnifique à la fois. Cette pensée que je contribuais à réaliser son dernier rêve de création m’a permis de continuer jusqu’au bout. Martin a été autorisé à sortir de l’hôpital pour assister à l’avant-première du spectacle puis à nouveau la semaine suivante pour voir le résultat final suite à ses notes. Il est décédé le 10 octobre 2016.

Bosch Dreams des 7 Doigts est présenté à la Salle Pierre-Mercure du 4 au 11 juillet 2019 dans le cadre de MONTRÉAL COMPLÈTEMENT CiRQUE. Ce spectacle est présenté par Radio-Canada en collaboration avec Desjardins.

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